Ouvrages appréciés dernièrement

- mai 2019


Depuis quelques années, la rédaction de la revue propose à ses lecteurs une sélection des ouvrages qui nous ont intéressés au cours de l’année écoulée, sans qu’il n’y ait de critères bien précis à cet intérêt. Les livres regroupés dans cette brève sont parfois très sérieux, parfois pas sérieux du tout, sans ordre de préférence ou thématique, mais toujours en lien avec l’image géographique !

 

Atlas mondial du danger

Arnaud Goumand, Ophélie Chavaroche
Belles Balades éditions
09/2018 – 253 p.
34,90 €

Dans les chroniques de Mappemonde, nous avons vu passer à peu près tous les types d’atlas, des plus classiques atlas du monde ou atlas économiques jusqu’aux plus exotiques (très en vogue depuis les années 2015-2016) comme l’atlas des zones extraterrestres ou l’atlas des lieux improbables, mais force est de constater que dans ce registre un peu répétitif, l’atlas mondial du danger est plutôt une bonne surprise ! L’éditeur Dakota « Belles Balades éditions » est plutôt un habitué des ouvrages très grand public, autour de belles photos et de textes assez succincts, pour faire rêver ou donner l’envie de voyager, dans une station-service sur l’autoroute du Sud, un été encombré… Ne cherchez pas ici une étude élaborée sur la notion de danger ou les zones de conflits1.

Comme toujours, ce qui est appelé « Atlas » ici, n’en est un pas un, et les cartes sont assez rares (une cinquantaine, essentiellement de type localisation ou topographique), mais les photos sont magnifiques et parfaitement mises en valeur. Ce qui est surprenant, c’est cette juxtaposition de « dangers » qui fait qu’on passe de Tchernobyl aux falaises d’escalade, de la carte des champs phlégréens de 1792 (magnifique, p. 158) au pont suspendu du Trift dans les Alpes suisses. Une tentative de classement par chapitres thématiques tente (vainement) de mettre un peu d’ordre, un peu de structure dans ce catalogue de sensations fortes, disons-le : en vain. Mais ne boudons pas notre plaisir de feuilleter cet ouvrage (un peu cher !) qui énumère les fléaux auxquels nous avons échappé… ou que nous avons raté !

 

Atlas illustré des lieux inaccessibles

François Thierry
Les Éditions de l’Opportun
11/2018 – 175 p.
15,90 €

Attention : cet ouvrage est purement et simplement une réédition de l’Atlas des lieux inaccessibles, du même François Thierry, paru en 2017 chez Saint Honoré Éditions (épuisé). Le terme « illustré » ajouté au titre désigne simplement une remise en page, et un changement de format, copiant le style des atlas poétiques des éditions Arthaud ! Et quel dommage, au niveau illustratif, de n’avoir repris de ce très agréable travail de François Thierry que des cartes bicolores, quasiment muettes, tristement froides, préférant à la richesse de la cartographie classique (ou même artistique) une restitution épurée à l’extrême. C’est même à se demander si la conceptrice graphique (Élise Godmuse) n’a pas cherché ici à faire dans le « conceptuel » plus que dans le figuratif2. Les textes originels de François Thierry sont bien écrits, mais courts, très courts et nous laissent un peu sur notre faim. Vite vu, vite lu, l’orientation de cet ouvrage a déjà été plus ou moins traité dans l’Atlas des lieux improbables aux Éditions de la Martinière, l’Atlas des terres indomptées toujours aux Éditions de la Martinière, ou encore l’Atlas des îles abandonnées chez Arthaud. La source serait-elle en train de se tarir ?

 

Theater of the world

Thomas Reinertsen Berg
Little, Brown and co.
12/2018 – 368 p.
32,50 €

L’auteur, journaliste et écrivain norvégien, nous embarque dans une exploration chronologique des cartes qui ont marqué l’histoire de la représentation du monde. Encore un ouvrage de vulgarisation de l’histoire de la cartographie, direz-vous ? Certes, mais c’est un texte vif, d’un point de vue original (la Norvège, la profession de journaliste), qui engage le lecteur ou la lectrice dans la découverte de cartes souvent singulières, qui s’éloignent des célébrités habituelles. Tous les chapitres mettent en avant l’aventure humaine et technique qui a abouti aux cartes présentées, et le mot aventure n’est pas usurpé. La période récente, voire actuelle, n’est pas laissée pour compte et les derniers chapitres, consacrées à la cartographie aidée par la conquête spatiale et les technologies numériques, ne sont pas en reste pour souligner l’importance de la connaissance géographique et de la représentation cartographique pour nos civilisations.

 

War Map: Pictorial Conflict Maps 1900-1950

Philip Curtis et Jacob Søndergård Pedersen
The Map House
10/2016 – 230 p.
45 €

L’ouvrage s’intéresse à un type de carte particulier : les cartes illustratives des guerres de la première moitié du 20e siècle. Les auteurs y explorent notamment un vaste corpus de cartes de propagande, produites pour différents supports (presse, affiches mais aussi cartes postales, cartes murales…). Ce sont souvent des cartes éphémères, liées à l’actualité, le produit de leur époque. En cela, elles sont les témoins des relations diplomatiques, des mouvements d’opinion, des évènements historiques. Les très nombreuses illustrations sont pour la plupart originales, tirées de fonds d’archives ou de collections particulières, et sont systématiquement présentées et commentées, mises en contexte, pour mieux comprendre leur rôle et leur portée. Le grand format de l’ouvrage et la qualité de reproduction permet une agréable lecture. Souvent, les détails des cartes sont présentés agrandis en cartouches.

 

This Is Not an Atlas: A Global Collection of Counter-cartographies

Collectif Orangotango
Transcript Verlag
09/2018 – 350 p.
35 € ou PDF gratuit en ligne

Ce non-atlas prend délibérément la position de la cartographie critique et de la contre-cartographie, pour montrer que la représentation cartographique n’est pas forcément neutre, complète et objective, pour casser les conventions des atlas « traditionnels ». L’ouvrage présente une collection de cartes et de projets cartographiques variés : dans leurs pratiques, leurs styles, leurs usages surtout, dans les processus politiques et d’émancipation qu’elles supportent. La collection rassemblée ici est internationale et ne se limite pas à l’exposition, on y présente aussi le contexte, les méthodes et les processus pratiques que les cartes ont accompagnés. L’ouvrage composte même un chapitre proposant un véritable manuel pour la production de contre-cartographies.

 

 

W.e.b du Bois’s Data portraits : Visualizing Black America. The color line at the turn of the twentieth century

Whitney Battle-Baptiste et Britt Rusert (éd.)
Princeton Architectural Press
10/2018 – 144 p.
32 €

L’ouvrage présente, pour la première fois en un seul volume et en couleurs, les figures produites par W. E. B. du Bois, un chercheur, écrivain et activiste américain pour l’exposition universelle de Paris en 1900. Au-delà de leur contenu informatif qui décrit clairement la situation des « africains-américains » au début du XXe siècle, ces représentations de données constituent un ensemble stylistique très intéressant, défini par leur auteur par le nom volontairement ambigu de « color line ». L’ouvrage présente une longue introduction qui met bien en contexte l’exposition, puis la série de planches, chacune étant accompagnée par son commentaire d’origine. On y découvre des graphes, des courbes, mais aussi des cartes, dont des anamorphoses très expressives.

 

 

All over the map, a cartographic odyssey

Betsy Mason et Greg Miller
National Geographic
10/2018 – 318 p.
26 €

Ce livre est le produit du travail de ses auteurs, journalistes, dans le cadre du blog scientifique Map Lab de la revue Wired (entre 2013 et 2015), du blog All over the map du site de la revue National Geographic, et plus largement en lien avec leur intérêt pour la cartographie depuis une dizaine d’années. L’ouvrage propose une sélection de cartes (ou de projets cartographiques plus larges) choisies pour leur originalité ou pour leur intérêt scientifique, de sources très diverses, parfois obscures, regroupées par thèmes. Un livre écrit « par des amoureux des cartes pour des amoureux des cartes », ce que nous pouvons confirmer avec bonheur. Il ne s’agit pas d’un simple catalogue juxtaposant les illustrations, mais bien d’une description amoureuse, qui n’hésite pas à profiter du support papier pour exprimer sur plusieurs pages mêlant texte et images les détails et les contextes des documents sélectionnés. Par exemple, les travaux de Charles-Joseph Minard (décrits par ailleurs dans un ouvrage dédié ci-après) sont exposés sur six grandes pages et cinq planches.

 

 

The Minard system

Sandra Rendgen
Princeton Architectural Press
10/2018 – 176 p.
58 €

Charles-Joseph Minard connait depuis quelques années la célébrité avec ses cartes et graphiques illustratifs, notamment la fameuse carte retraçant le parcours désastreux de la campagne de Russie de Napoléon en 1812-1813. S. Rengen, éditrice berlinoise spécialisée dans le graphisme d’information (qu’on avait déjà croisée pour ses sélections parues chez Taschen) s’est plongée dans les archives de l’École Nationale des Ponts-et-Chaussées pour produire cet ouvrage. Après un chapitre introductif sur le contexte historique de l’activité de Charles-Joseph Minard, on trouve un catalogue illustré de l’œuvre graphique, accompagné de cartels et, parfois, d’encarts présentant des détails. Si l’on ne peut que louer l’initiative et la qualité générale de l’ouvrage, on peut néanmoins être surpris par le parti-pris de ne pas restaurer les figures et de les présenter dans leur état actuel, ce qui provoque, outre la teinte grisée générale, l’apparition de plis, jaunissements et taches diverses.

 

 

Une vie en l’air

Philippe Vasset
Fayard
08/2018 – 192 p. (poche)
18 €

Philippe Vasset est un auteur connu pour son intérêt pour la géographie et les représentations cartographiques. On peut mentionner son précédent ouvrage : Un livre blanc, récit avec cartes paru chez Fayard en 2007, à propos des « blancs » des cartes topographiques. Son nouvel ouvrage est un récit d’abord autobiographique, puis fictionnel, centré autour du rail de l’Aérotrain, un projet abandonné de train sur coussin d’air dont il reste un rail en béton au nord d’Orléans. L’auteur y utilise une approche géographique des lieux et de leur perception par le marcheur, l’être humain sur le terrain, qui ne peut qu’évoquer la cartographie et son rôle de représentation de la réalité – ou de la fiction.

 

 

 

Playfair: The True Story of the British Secret Agent Who Changed How We See the World

Bruce Berkowitz
Mason publishing
02/2018 – 478 p. (dont 100 p. de notes !)
27 €

Il s’agit ici de la première biographie de celui qui est considéré comme l’inventeur de la représentation graphique de données statistiques (ou son premier utilisateur de manière intensive et cohérente, sous la forme d’un ouvrage), William Playfair (1759-1823), ingénieur et économiste écossais, mais qui s’avère avoir été, également, un espion et un agent d’influence très actif. Cette biographie, très complète et bien fournie en références, comporte aussi de nombreuses illustrations, malheureusement assez peu en ce qui concerne les fameux graphiques statistiques de son The commercial and political atlas de 1785, présentés dans un chapitre tout de même très informatif sur le contexte de l’époque et le personnage. 

 

 

Atlas, a World of Maps

Tom Harper
British Library Publishing
10/2018 – 272 p.
42 €

L’auteur, conservateur en chef des cartes anciennes à la British Library, présente dans cet ouvrage une sélection des collections de l’auguste bibliothèque s’échelonnant de l’Atlas Klenke (1600) à la période actuelle (avec une nette prédominance des cartes anciennes). L’ouvrage se focalise sur les cartes anciennes, pour en montrer la diversité et l’intérêt pour comprendre les techniques, les sociétés, la géopolitique de leur époque, malgré leurs inexactitudes et leur incomplétude. Le voyage dans l’espace géographique que promet tout atlas se double donc ici d’un voyage dans le temps, via un chapitrage par continent plutôt que chronologique et une très grande qualité de reproduction et de commentaire. Ici encore, les cartes sont sélectionnées de manière très éclectique, ce qui rend la lecture d’autant plus agréable que l’on passe sans transition de magnifiques cartes chinoises peintes du XVIIsiècle à des relevés maritimes de Singapour en 1983 puis à des cartes postales humoristiques australiennes des années 1960…

 

The writer’s map : An Atlas of imaginary lands

Huw Lewis-Jones (éd.)
Thames & Hudson Ltd
10/2018 – 256 p.
42 €

Dans la série des atlas consacrés au lieux imaginaires, ayant inspiré la littérature, voilà un bel ouvrage de référence. L’éditeur a eu la très bonne idée, plutôt que de rassembler et commenter des cartes, de demander à des auteurs actuels de parler de leur relation avec les cartes : celles qu’ils utilisent, celles qu’ils dessinent pour préparer un roman, celles qui les ont inspirés chez leurs prédécesseurs… Précédés par deux courts chapitres d’introduction sur le rôle des cartes en littérature et la représentation des espaces imaginaires, l’ouvrage propose ensuite une vingtaine de chapitres confiés à des auteurs contemporains. David Mitchell (Cloud Atlas) évoque sa méthode de travail, qui s’inspire de celle de J. R. R. Tolkien (Le Seigneur des anneaux), Joanne Harris (Chocolat) décrit ses débuts dans l’écriture, toujours accompagnée par les cartes et leur pouvoir évocateur si fort, notamment la légende d’Yggdrasil de la légende nordique. Isabel Greenberg, auteure de romans graphiques et illustratrice, apporte son regard particulier sur la cartographie créatrice de mondes, et le rôle du cartographe dans cette connaissance. L’ouvrage se clôt sur un chapitre dédié à la cartographie de l’inconnu, de la perception des manques dans les connaissances géographiques au fil du temps. Le livre est de grand format et parfaitement illustré, la diversité et l’originalité des cartes ne cesse d’étonner et constitue une ressource en soi.

 

Cartography: A Compendium of Design Thinking for Mapmakers

Kenneth Field
ESRI Press
01/2018 – 538 p.
120 €

L’auteur, universitaire puis ingénieur-produit dans une célèbre société de logiciels de SIG, nous propose dans cet (énorme) ouvrage, un ensemble de ressources pour développer sa connaissance des cartes et de leurs méthodes sans pour autant devoir écumer les bibliothèques universitaires. L’ouvrage s’adresse donc à des non-spécialistes curieux de l’état de l’art dans le domaine de la représentation cartographiques, à notre époque où les outils sont plus variés et accessibles. Le livre se présente comme un dictionnaire où les 245 sujets ou mots-clés sont développés sur une double page. Un sommaire thématique et un code coloré nous guident : fondations, sémiologie, design graphique, couleur, types de cartes, composition, cartes exemplaires…

Cependant, il faut noter que chaque sujet est forcément traité très rapidement (deux pages, dont une est consacrée à une illustration), ce qui frustre souvent le lecteur spécialiste. Les références sont essentiellement anglophones et la tonalité du message assez orientée par la « philosophie » générale de l’entreprise éditrice et de son fondateur : le « cartographic design », terme volontairement peu explicite. On remarque, enfin, que la prise en compte de la publication sur écran et de l’interactivité de la carte, sa co-construction voire sa déconstruction, ses usages qui se diversifient ne sont que très peu évoquées. On reste dans un paradigme de communication assez simple : le ou la cartographe expert produit un document définitif et statique. La richesse de l’ouvrage justifie un prix élevé, mais peut-être pas au niveau des manuels universitaires américains … à une époque où les sources en accès libre et gratuit se multiplient dans ce domaine.

 

 

La Datavisualisation au service de l’information

Collectif
Pyramid Editions
10/2016 – 240 p.
35 €

Il s’agit ici de la réédition en français d’un ouvrage en anglais sorti la même année, ce que l’on peut souligner étant donné la trop petit place faite au lectorat francophone dans ce type de thématique. Comme souvent, cet ouvrage est constitué essentiellement d’une collection d’illustrations, cartes et graphiques parus dans des organes de presse, sélectionnés pour leur originalité et leur qualité. Elles sont de bonne qualité et constitueront certainement des sources d’inspiration utiles. Ces « études de cas » (souvent l’illustration n’est accompagnée que d’une très courte description) sont précédées d’un chapitre sur l’état de l’art de la visualisation de données dans le monde de la presse, méthodologique et distinguant les principales sources, ce qui est très intéressant.

 

 

La femme du cartographe : Une histoire vraie d’amour, de meurtre et de survie en Amazonie

Robert Whitaker
Payot
02/2018 – 384 p.
24 €

De nouveau un roman, dans cette sélection d’ouvrages qui chercher à varier les supports et les thèmes. On a ici affaire à un roman historique, basé sur l’histoire véridique d’Isabelle Godin des Odonais, péruvienne à laquelle se maria Jean Godin des Odonais, cartographe français ayant participé à la première expédition géodésique de l’histoire, visant à mesurer précisément la longueur d’un degré d’arc de méridien sur l’équateur, par la triangulation. Rentré en territoire français en Guyane par les Andes et l’Amazone, Jean Godin des Odonais désespère de pouvoir financer et faire autoriser le voyage de son épouse depuis le Pérou, à cause de tensions géopolitiques entre les divers empires. Lorsqu’il arrive à faire financer la remontée de l’Amazone par un bateau, il ne peut y participer et doit faire confiance au capitaine. Malheureusement, l’information met des années à arriver à Isabelle, qui doit alors entreprendre un incroyable périple de retour, parmi les amérindiens parfois hostiles, parfois salvateurs, les épidémies, les conflits politiques… Les deux époux se retrouvent finalement à Oyapock après dix-neuf années de séparation et peuvent rentrer en France, où leur histoire se répand. Pour le géographe, ce récit épique apporte une représentation intéressante des efforts réalisés à l’époque pour « mesurer la Terre » et une description des conditions de voyage, des rencontres entre peuples, tout à fait passionnante.

 

 

The Art of Cartographics: Designing the Modern Map

Collectif
Goodman books
09/2017 – 256 p.
28 €

Une courte préface de J. Desclaux-Salachas entame cette collection de cartes récentes, sélectionnées pour leur réussite dans la volonté de tirer la carte traditionnelle vers de nouvelles directions graphiques et conceptuelles. Les expérimentations sont parfois de l’ordre de la forme, du graphisme (illustration, peinture), de l’objet carte lui-même (globes, planches 3D) voire du support (timbres, mur, cartes découpées, fils tendus…). Le résultat global est un peu hétéroclite mais ne manquera pas d’être une source très intéressante d’inspiration pour les cartographes en quête d’originalité dans ce monde où les logiciels ont plutôt tendance à standardiser les représentations.

 

 

 

Le langage des géographes : Termes, signes, couleurs des cartes anciennes (1500-1800)

François de Dainville
Comité des travaux historiques et scientifiques – CTHS
04/2018 – 300 p.
34 €

Le comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) réédite cet ouvrage central pour l’étude de la cartographie ancienne, dans un format confortable et en bichromie, avec un index d’une cinquantaine de pages, ainsi qu’un intéressant index des couleurs. Les planches d’exemples de cartes, cartouches et légendes des différentes sources, types et périodes permettront de facilement placer un document. Surtout, les mentions, abréviations latines et symboles divers n’auront plus de mystère.

 

 

 

 

Mapping Society, The Spatial Dimensions of Social Cartography

Laura Vaughan
UCL Press
09/2018 – 248 p.
45 £ – ou PDF en accès ouvert sur le site de l’éditeur

L’ouvrage s’intéresse à la cartographie dans le contexte de la géographie sociale urbaine, discipline dont l’auteure est professeure à l’University College of London (UCL). Mais il ne s’agit pas d’un ouvrage de style universitaire qui serait difficile à saisir sans les clés de la discipline : tout au contraire, le résultat est multi-disciplinaire et très accessible, notamment grâce à l’abondance des illustrations. L’objet du livre est en effet de montrer comment la représentation thématique des réalités sociales des systèmes urbains (notamment des « problèmes » que posent les grandes villes), a pu être un outil puissant pour développer les approches interdisciplinaires et une meilleure compréhension des phénomènes à l’œuvre. Les cartes de la pauvreté à Londres de Charles Booth, un projet de 14 années qui produisit 17 volumes, sont notamment présentées en détail et l’on saisit bien leur grande influence sur la manière dont l’urbanisme et le développement urbain ou l’architecture on pu évoluer et prendre en compte de nouveaux paramètres, une nouvelle compréhension du fonctionnement urbain. L’amoureux des cartes pourra aussi y découvrir des trouvailles originales, comme cette carte de la « peste moderne » à Londres (les débits de boissons) produite par la National Temperence League… ou des cartes du choléra à Rouen.

Notes   [ + ]

1. Préférer à ce sujet les excellents atlas du Monde diplomatique ou de Courrier International
2. J’avoue pour la part que l’art suprématiste de style « carré blanc sur fond blanc » de Malevitch m’a toujours paru être une arnaque pure et simple, mais bon…

    Les auteur.es :

    Laurent Jégou

    Université de Toulouse-Jean Jaurès / UMR LISST-Cieu

    Franck Vidal

    GEODE UMR 5602/CNRS - Maison de la Recherche Université de Toulouse Jean Jaurès

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